Soumis à des saisies et à la censure, devenu l’une des bêtes noires de la colonisation, le journal Alger Républicain est interdit en 1955, alors que l’insurrection éclate. Son directeur Henri Alleg entre dans la clandestinité, écrit des articles qu’il fait publier anonymement en France, notamment dans l’Humanité. Alleg est un militant communiste, décédé en 2013, né en 1921, installé en Algérie dès 1939, il sera d’abord journaliste à l’Alger Républicain, journal communiste, avant d’en devenir directeur. Ce journal, qui prend parti pour l’indépendance de l’Algérie, est interdit en 1955, Alleg verse dans la clandestinité, parvient à envoyer quelques articles à l’Humanité, est finalement arrêté le 12 juin 1957. C’est là que débute La Question.
Le livre sera écrit en prison, à Alger, transmis clandestinement aux avocats. Le drame est que tous les témoignages sont sujets à caution. Les militaires impliqués nieront, l’un d’eux, le lieutenant Erulin, connaîtra son jour de gloire, devenu colonel, en réussissant l’opération Kolwezi, au Zaïre de Mobutu (…et de Giscard), certains affirmeront qu’Alleg, bien loin d’avoir résisté, s’est allongé et a permis l’arrestation de nombreux communistes de l’Algérois. Le général Aussaresses, éminent spécialiste en la matière, confirmera les tortures sur Alleg, tout en disculpant les militaires cités.
La suite est banalement triste. Henri Alleg est condamné en 1960 à 10
ans de prison pour atteinte à la sûreté extérieure de l’état,
reconstitution de ligue dissoute, il parvient à s’évader lors d’un
séjour à l’hôpital, grâce à l’aide de militants communistes, dont Alfred
Locussol (l’O.AS. l’assassinera), il gagne la Tchécoslovaquie, revient
en France après les accords d’Evian, repart en Algérie, et doit quitter
le pays après le coup d’état de Houari Boumediène, il avait misé sur Ben
Bella.
La Question est et demeure, aujourd’hui une question pour nous tous. «