Être une jeune fille est souvent une période compliquée mais être une jeune fille à Alger est encore plus difficile car le poids des traditions familiales est un frein terrible pour se vivre libre, pour s’assumer telle que l’on voudrait être.
Au départ, il y avait un poème, un poème chanté que tous les Algériens connaissent, comme tous les Occidentaux connaissent Tristan et Yseult, ou Roméo et Juliette. Ecrit à la fin du XIXe siècle, Hizya raconte la douleur d’un jeune homme qui pleure son amour perdu, la jeune et belle Hizya, qui vient de mourir dans ses bras.
Hizya, la jeune fille qui vit à notre époque a entendu ce poème chanté par des chanteurs bédouins algériens. Elle se met alors à rêver d’être aimée comme l’a été la jeune femme qui a vécu avant elle. Elle travaille dans un salon de coiffure alors qu’elle a fait des études, elle rêve d’un avenir et d’un amour exceptionnels et ne veut pas d’une vie toute tracée, celle qui attend toute jeune fille : « C’est ainsi que, de génération en génération, pour maintenir la tradition, des mères exercent leur pouvoir – le seul qui leur soit permis – sur d’autres femmes, d’autres mères, dans l’espace domestique – le seul qui leur soit réservé. » Hizya éprouve des sentiments contradictoires vis-à-vis de sa propre mère. Osera-t-elle s’opposer à sa famille ? Osera-t-elle voir la réalité en face ou se laissera-t-elle aveugler par le rêve de son amour idéal ?
C’est un roman passionnant qui révèle à la fois une histoire personnelle, une histoire familiale et l’histoire d’un pays attachant et complexe. Maïssa Bey continue, grâce à son parcours littéraire, à donner voix à ces jeunes femmes qui construisent leur chemin vers la liberté